6. Les photographies de l'effondrement par HodiesneCes trois photographies furent retrouvées, en 1998, lors du rangement de cartons non traités des Archives municipales d'Avranches. Et je reconnais qu'elles sont, en partie, à l'origine de cette étude du donjon. Ces clichés ont été pris peu après l'effondrement et sont signés par un photographe exerçant à Avranches à l'époque. Le chanoine Pigeon connaissait ces clichés, peut-être même en était-il le commanditaire. Ils présentent un grand intérêt pour la compréhension des vestiges qui subsistent et restituent une partie de l'espace intérieur du donjon. Chacune de ces images est prise sous un angle différent et apporte des renseignements complémentaires. Pour plus de clarté j'ai cru bon de les nommer respectivement PH1, PH2 et PH3.
Le point de vue choisi par ce dernier est quasi similaire à celui de Hodiesne, mais son exécution remonte avant l'effondrement. Ce croquis montre de quelle manière les maisons voisines venaient s'adosser au donjon. D'autre part le chanoine a représenté, telle qu'il l'a vue, la face est du bâtiment. C'est cette face qui est en ruine sur la photographie. Il mentionne, dans les maçonneries figurées, une ouverture cintrée comportant de la brique, ainsi qu'un contrefort circulaire. Quoi qu'il en soit, sur l'image PH1, cette façade orientale n'existe plus! Par contre son absence révèle un autre mur, également orienté nord-sud. Ce mur est traversé par une ouverture; c'est sans aucun doute le passage utilisé par le propriétaire de la maison voisine pour accéder à la fameuse salle voûtée, interne au bâtiment.
Rien n'a encore été déblayé. Une voûte "émerge" des décombres. Cette image est essentielle car le mur de courtine, visible sur la droite, nous donne une échelle assez précise du site. Dans l'épaisseur du mur est, au même niveau que la voûte, le sommet d'une galerie est parfaitement identifiable. Cette galerie ressemble à une "gaine", qui aurait permis, jadis, de circuler à l'intérieur du mur; et cette gaine aurait pu également communiquer avec la courtine qui prolonge le donjon au nord-est. Grâce à cette image PH2, je dois bien avouer que la confrontation avec le site actuel est édifiante. [Cliquez sur cette image pour voir le site sous le même angle aujourd'hui]
La terrasse du télégraphe, ou ce qu'il en reste, est parfaitement visible. En dessous de ce niveau extérieur, une salle se distingue nettement. Il s'agit du niveau comblé à une époque inconnue, suite à un premier affaissement. Il est aisé de mesurer l'importance du remblai reposant sur la modeste pièce voûtée à présent découverte. Ce local n'est autre que celui évoqué par la presse locale peu avant sa destruction. Le mur massif, destiné à renforcer le voûtement, témoigne des efforts consentis par les occupants afin d'éviter sa ruine.
Sur cette image, le mur qui clôturait le bâtiment à l'ouest, parallèlement au mur est, est lui aussi dégagé. Il comporte trois importantes ouvertures, ici plus ou moins obturées. Deux sont au niveau supérieur, une au niveau inférieur.
Toutefois, si d'autres éléments venaient étayer cette 'hypothèse d'un mur de refend interne', l'édifice verrait son volume originel considérablement accru, au regard de ce qui était convenu jusqu'alors. Aussi, dès à présent, puisque ces indices existent bien, je décide d'appeler et de considérer ce mur comme "de refend".Aujourd'hui, ce dernier est presque totalement détruit; toutefois, on voit assez bien, au centre de la fig 18, la façon dont il se prolongeait vers le sud. |